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La finance et la biodiversité sont deux domaines qui, jusqu'à récemment, semblaient évoluer sur des orbites parallèles. Pourtant, la prise de conscience de l'importance cruciale de la biodiversité pour la stabilité économique et la résilience des entreprises est désormais bien ancrée. Mais comment les institutions financières intègrent-elles réellement les risques et les opportunités liés à la biodiversité dans leurs décisions d'investissement ?

Dans le cadre du Think Tank "2030 Investir demain", Candriam, un acteur majeur de la gestion d'actifs, explore cette question complexe. Alix Chosson, analyste ESG spécialisée en Climat & Environnement, et Elouan Heurard, analyste ESG spécialisé en Biodiversité, partagent leurs réflexions et leurs analyses sur l'exercice des scénarios dans le contexte de la biodiversité. Leur expertise met en lumière les défis et les perspectives de cette intégration croissante.

L'exercice des scénarios : un outil indispensable ?

L'exercice des scénarios, qui consiste à imaginer différents futurs possibles et à évaluer les impacts potentiels sur les actifs financiers, est un outil de plus en plus utilisé par les investisseurs pour anticiper les risques et saisir les opportunités. Cependant, l'application de cet outil à la biodiversité présente des spécificités.

Contrairement au climat, où les modèles scientifiques sont relativement bien établis, la biodiversité est un sujet beaucoup plus complexe et difficile à modéliser. Les interactions entre les espèces, les écosystèmes et les activités humaines sont multiples et souvent mal comprises. De plus, les données disponibles sur la biodiversité sont souvent fragmentaires et de qualité variable.

Les défis de l'intégration de la biodiversité dans les scénarios

Plusieurs défis se posent lors de l'intégration de la biodiversité dans les scénarios financiers :

• Manque de données fiables : La rareté et la qualité inégale des données sur la biodiversité limitent la capacité à construire des scénarios précis et pertinents.
• Complexité des interactions : Les écosystèmes sont des systèmes complexes où les interactions entre les espèces sont multiples et souvent imprévisibles.
• Horizon temporel : Les impacts de la perte de biodiversité se manifestent souvent sur le long terme, ce qui rend difficile leur intégration dans les modèles financiers à court terme.
• Subjectivité des jugements : L'évaluation des impacts de la biodiversité implique souvent des jugements subjectifs, ce qui peut introduire des biais dans les scénarios.

Des pistes d'amélioration

Malgré ces défis, il est possible d'améliorer l'intégration de la biodiversité dans les scénarios financiers. Voici quelques pistes :

• Améliorer la collecte et la qualité des données : Investir dans la collecte de données sur la biodiversité et développer des indicateurs pertinents pour les investisseurs.
• Utiliser des modèles plus sophistiqués : Développer des modèles qui tiennent compte de la complexité des écosystèmes et des interactions entre les espèces.
• Adopter une perspective à long terme : Intégrer les impacts de la biodiversité sur le long terme dans les modèles financiers.
• Développer des scénarios narratifs : Combiner les modèles quantitatifs avec des scénarios narratifs qui permettent d'explorer les conséquences de différents futurs possibles.

Conclusion : vers une finance plus attentive à la biodiversité

L'intégration de la biodiversité dans les décisions d'investissement est un enjeu majeur pour l'avenir. L'exercice des scénarios, malgré ses limites, reste un outil précieux pour anticiper les risques et saisir les opportunités liés à la biodiversité. En améliorant la collecte de données, en développant des modèles plus sophistiqués et en adoptant une perspective à long terme, les institutions financières peuvent contribuer à une finance plus attentive et plus durable.